Pour comprendre et cerner ce qu’est un opticien, il faut d’abord réaccorder les différents aspects du métier et retrouver une logique d’ensemble afin de savoir quel est son rôle précisément.
Qu’est-ce que le métier d’opticien ?
Bien souvent confondu avec les ophtalmologistes, le métier d’opticien est aujourd’hui un mélange de champs extrêmement variés :
– C’est une profession de santé réglementée qui consiste à restaurer une vue défaillante en suivant ou en modifiant sous condition la prescription médicale de l’ophtalmologiste.
– C’est un métier de soin de la personne, un métier qui touche au bien-être, à l’apparence mais également à la mode.
– Un métier technique et commercial.
– Un métier fait de relations humaines. En étant capable de personnaliser les produits en fonction de sa clientèle. Il adapte les lunettes au visage de la personne, en adaptant les verres, la couleur…
Le métier d’opticien est en constante évolution, entre nouveaux styles de modes et nouvelles technologies. De nos jours, 100 % des 45-50 ans deviennent presbytes et doivent porter une compensation optique. Le métier d’opticien ne cessera donc jamais d’accroître sa clientèle.
L’opticien, un magicien ?
On dit que l’opticien « rend la vue », on pourrait donc imaginer un procédé magique ou miraculeux. En réalité, on peut effectivement aller voir un opticien en voyant trouble et ressortir en voyant correctement. Il tire le sujet du flou pour le ramener à la clarté. Cependant, l’opticien n’agit pas directement sur la vue comme pourrait le faire un chirurgien ophtalmologiste. Il agit, en choisissant les verres appropriés, sur les conditions de visibilité. L’opticien compense une déficience visuelle, il ne la répare pas.
Quelques points de repères dans l’histoire récente du métier
Depuis 1954 un diplôme d’état conditionne la pratique du métier en magasin, le BTS opticien-lunetier. Jusque dans les années 60, la profession reste très diversifiée, à la frontière de la bijouterie, de l’horlogerie, de la pharmacie ou de la photographie.
L’apparition des enseignes va progressivement mettre de l’ordre dans les pratiques commerciales et faire évoluer la profession vers plus de technicité. Avec l’apparition des verres progressifs de plus en plus de performants, prenant en compte de plus en plus de paramètres (morphologie, posture, habitude et mode de vie), l’opticien se professionnalise.
Depuis 2007, le décret n°2007-553 reconnaît l’opticien comme un professionnel de santé en lui permettant de corriger une ordonnance ophtalmologique sous conditions. C’est une volonté d’améliorer l’accès à la santé visuelle.
Depuis 2020, la réforme du 100 % santé permet l’accessibilité aux lunettes pour tous. Une avancée majeure pour l’accès si la santé visuelle par le prix.
Ainsi l’opticien n’est plus un simple vendeur de lunettes. Son matériel d’examen de vue prenant progressivement la place de sa meuleuse, il délègue les montages pour se concentrer sur la santé et le service.
Un parcours du combattant pour avoir des lunettes
L’opticien tente de transformer un parcours éprouvant ( délai ophtalmologiste, obtention de l’ordonnance, délai de fabrication) en une expérience positive et valorisante pour son client. D’autant que son client est connecté, se renseigne, commente et partage sur les réseaux.
Charge à l’opticien d’entretenir cette relation humaine pour que la vie (ou la vue) de son client lui paraisse la plus légère et agréable.
La vue, un enjeu individuel et collectif
Bien être, sécurité, esthétique, relation interpersonnelle et qualité de vie sont conditionnés pour une bonne vue.
Mais si 1 français sur 3 en moyenne est mal compensé, par laxisme, par difficulté d’accès aux soins ou par déni, c’est la société qui peut en pâtir. L’échec scolaire ou les accidents de la route dus à un défaut visuel deviennent une responsabilité citoyenne.
C’est comme les vaccins: Avoir de bonnes lunettes c’est aussi protéger les autres.
En psychologie, « voir » et « être vu » représentent également deux situations qui peuvent conditionner nos relations. Plus nous voyons les autres, plus nous avons la sensation d’être vus par eux, voir c’est s’exposer au regard des autres. Moins bien voir peut apparaître comme un confort, une bulle rassurante. Se cacher derrière ses lunettes noires, c’est voir sans montrer qui l’on regarde…
Opticien, un métier en pleine expansion ?
En France, nous sommes le deuxième marché mondial de l’optique. Grâce à de nombreux facteurs, les courbes sont en constante évolution :
– Notre société est en grande partie visuelle et rend de plus en plus nécessaire une bonne vision.
– Devant l’allongement de l’espérance de vie et le vieillissement de la population, les besoins s’accroissent constamment.
– Les modes de vie connectés et multi-écrans, sollicitent la vision, surtout auprès des plus jeunes qui connaissent une explosion de cas de myopie.
– Les lunettes connectées ouvrent des marchés au-delà de la vision.
Ce sont sur tous ces paramètres que l’opticien doit intégrer pour ainsi proposer ses services à l’attente de son client. L’opticien exerce un métier d’avenir qui ne cessera d’exister et de se répandre de plus en plus dans notre quotidien afin que chaque personne bénéficie de lunettes adaptées à sa vue. Car nous l’avons vu, la vue c’est ta la vie !
D’après la revue “ l’essentiel de l’optique n°239”